Le 17 juin 2012, il y a trois ans, Audrey Bertaut et Alicia Champlon étaient froidement assassinées à Collobrières (83) par un couple sans morale et sans pitié.
Depuis, jamais nous n’avons oublié ces deux jeunes femmes qui ont été arrachées à leurs familles dans l’exercice d’un métier difficile et particulièrement dangereux.
Audrey et Alicia doivent demeurer dans nos mémoires pour saluer leur courage, leur abnégation mais surtout pour que nous restions mobilisés afin qu’une telle tragédie ne se reproduise jamais.
Aujourd'hui, concrètement, peu de chose ont changé, les patrouilles se font toujours à deux le plus souvent. Ce n’est pas une volonté du commandement mais tout simplement un manque d’effectif et si un tel drame ne s’est pas reproduit c’est certainement par chance, espérons qu’elle ne quittera pas nos camarades gendarmes.
Nous vous livrons un témoignage, celui du capitaine Jean-François Charrat, aujourd’hui en retraite. Il était le patron de Audrey et Alicia. En quelques phrases il nous donne son retour d’expérience personnel, merci Jean-François.
"Voici trois ans exactement à 21 heures 43, un appel téléphonique du centre opérationnel de la gendarmerie de TOULON allait faire basculer la vie de centaines de personnes. Deux gendarmes à terre ! Cette phrase lancinante me revient en pleine face, chaque 17 juin. Elle a eu des conséquences irréversibles sur bon nombre de mes amis, des familles et de l'Institution toute entière. Et puis, après les cérémonies, les hommages, les honneurs, les actes de compassion, les professions de foi, les "plus jamais ça.....», le recueillement, est venu le temps du retour d'expérience. Mes filles, comme j'aime à les nommer, sont mortes en silence. Ce silence auquel chaque gendarme est tenu tout au long de sa carrière. Plein de bonnes et louables intentions sont venues de toutes parts. Certaines très cohérentes, d'autres beaucoup moins. Cependant il a fallu continuer à vivre et tenter de tirer les enseignements de cet affreux drame.
Aujourd'hui, la question se pose encore. Que nous a appris cette intervention mortelle ? Que nous étions désarmés face à tant de violence, car peu préparés. L'institution a-t-elle pris les mesures nécessaires pour que cela ne puisse se reproduire ? Je ne le crois pas. Je sais que je vais en choquer certains, mais juste à titre d'exemple, les patrouilles de GD se font-elles à trois militaires ? Pour la majorité des brigades, la réponse est non. Il serait temps de prendre des mesures de pure sécurité. Que l'esprit des donneurs d'ordre s'ouvre enfin aux réalités du terrain. Que l'on ne se dise plus, il vaut mieux trois patrouilles de deux que deux de trois, etc.
Ce soir là, je conserve à l'esprit que s'il y avait eu un troisième militaire, nous n'aurions pas aujourd'hui, 17 juin, le chagrin d'honorer la mémoire d’Audrey et Alicia, à jamais dans nos cœurs. "
Capitaine ER CHARRAT Jean-François