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Gendarmerie : réflexion sur le port de l'arme hors service


C’est d’actualité, après les attentats du 13 novembre et comme après le 11 janvier, dans une atmosphère lourde émotionnellement et pour pallier le manque d’effectifs dans la sécurisation du territoire on reparle du port de l’arme de service en position de repos. A ce titre la direction générale de la Police Nationale vient d’émettre un avis favorable et les policiers peuvent s’ils le souhaitent porter l’arme en dehors du service pendant l’état d’urgence. Vu les conséquences d’une telle mesure il est important de ne pas se laisser emporter par la passion et de raisonner avec lucidité. Oui le port et l’usage des armes doit s’adapter à l’évolution de la criminalité et du terrorisme (les deux sont souvent liés) sur notre territoire. Oui notre priorité doit être la préservation de l’intégrité et de la sécurité des gendarmes dans l’exercice de leurs fonctions, gendarme en service et gendarme en repos. Etre gendarme est avant tout une vocation, une vocation au service de la population en tout temps et en tout lieu, la position de repos n’exonère pas le gendarme de son devoir. Evitons les répliques « oui mais si.. » elles ne représentent rien de concret et ne permettent pas d’avoir un débat intelligent et constructif. « Oui mais si je vois un homme... Je sauve tout le monde », « Oui mais si j’ai mon arme en faisant mes courses avec ma famille je sauve celle-ci »... Car il est facile de répondre simplement « Oui mais si tu as un jugement erroné... » Avec toutes les graves conséquences possibles. Essayons de nous rassembler autour de propositions cohérentes fondées sur des avis objectifs permettant à ceux qui le souhaitent d’améliorer la sécurité de tous.

Nous sommes dans l’erreur si nous pensons que les propositions récentes ont pour objectif de mettre en sécurité les serviteurs de la loi, personne n’est dupe et la politique appliquée à l’endroit des forces de l’ordre depuis des décennies en témoigne. Nous sommes une race de sous-citoyens et nos vies importent peu aux gouvernements successifs qui depuis 15 années n’ont fait que saigner les effectifs de la Police et de la Gendarmerie au déficit premier de nos vies dans le cadre de nos missions. Cette mesure quelques jours après les derniers attentats joue sur le côté émotionnel des gens et n’est qu’un pansement lowcost à l’énorme déficit de personnels dans la rue en position de service. Nous n’avons plus les moyens humains de protéger nos concitoyens alors jouons sur la peur et la sécurité de nos agents pour envoyer bénévolement des forces de l’ordre en présence de leurs familles sécuriser les grandes-surfaces et les marchés de noël en période de fête. La direction générale de la Gendarmerie Nationale plutôt que de s'exprimer dans l'urgence vient de mettre en place un groupe de travail piloté par l'IGGN, composé de personnels des différentes directions avec le concours de conseillers sous-officiers et officiers ainsi que quelques membres du CFMG. Elle communiquera à l'issue de ce travail d'analyse sur les directives à mettre en place. Voici la vision d'Association Gendarmes et Citoyens: Nous avions communiqué cet été sur cette hypothèse et après vote au conseil d’administration la majorité s’y était opposée. Nous restons droits dans nos bottes et nous n’avons pas changé d’avis mais le temps s’écoulant ce débat n’a eu de cesse d’être alimenté avec quelques arguments intéressants que nous vous exposons. Il est de notoriété publique que l’encadrement et l’usage des armes dans son ensemble doivent être « rénovés » pour coller au mieux au quotidien des forces de l’ordre. Voilà donc une occasion d’engager un processus au sein de notre institution prenant en compte l’avis de tous. Il est aussi de notoriété publique « Gendarmique » que l’instruction au tir est une des principales lacunes de la maison Gendarmerie, il serait peut-être temps de mettre les moyens à la formation de nos gendarmes dans un domaine primordial qui a comme finalité la vie ou la mort.

Il est donc opportun dans un tel débat d’aborder la question du port de l’arme de service en position de repos car il n’est pas illégitime. Un gendarme bien formé et entraîné régulièrement au maniement des armes est tout à fait capable d’assumer ses responsabilités avec professionnalisme pendant et en dehors du service. Encore faut-il s’en donner les moyens, pourquoi ne pas commencer avec la mise en place sur la base du volontariat d’obtention d’un agrément régi par le ministère de l’intérieur du port de l’arme en repos ? Par exemple, le gendarme qui souhaite porter son arme en position de repos devrait tout d’abord passer un test indépendant de sa notation validant ses aptitudes à l’usage des armes. S’ensuivrait une formation consistant à mettre en condition le gendarme car user de son arme en service, souvent en uniforme et accompagné de ses camarades lors d’une intervention est totalement diffèrent dans un cadre personnel et familial mais surtout en civil et sans appuis. Etre seul ou accompagné de son conjoint(e) et en présence de ses propres enfants dans une situation critique au milieu d’individus ne nous ayant pas identifié augmente d’autant plus les risques de dérives et de drames. Avoir la possibilité de faire usage de son arme dans ce contexte doit passer par une formation adaptée car tout le monde n’est pas capable d’y faire face. Au terme de cette formation un examen d’aptitude pourrait être délivré et ainsi permettre au camarade qui le souhaite de porter son arme en dehors du service. Examen qui pourrait être limité dans le temps avec mise à niveau obligatoire.

Des dispositions devraient être prises afin que pour que ce choix personnel n’ait aucune emprise sur les appréciations du militaire. En effet et selon les dérives que nous connaissons tous nous voyons déjà le « patron » favorable et apte au port de l’arme en repos apprécier avec mépris le gendarme qui refuse d’avoir son arme en tout temps. Finalement, une fois le débat vidé de tout contexte émotionnel, passionnel ou répondant à l’actualité tout reste possible en respectant l’avis de tous, tant que ce n’est pas pour pallier le manque de personnel opérationnel.

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