
Tout d’abord, je voudrais dire que dès mon entrée en gendarmerie à la fin des années 90, j'ai assisté et vécu des dérives dès l'école. J'aurais peut-être dû repartir à ce moment-là....Je suis fille de gendarme et j'ai embrassé cette carrière par dévouement et non pas par dépit de ne pouvoir faire autre chose ce qui a toute son importance... En 2005 j'étais affectée dans une compagnie d'instruction de GAV. Mon commandant de compagnie du moment devait partir à la retraite, donc en juillet son futur remplaçant est arrivé pour prendre ses marques. Personnage "haut en couleur", jeune capitaine de mobile, la trentaine et super sportif ayant une haute opinion de sa personne, déjà connu dans sa précédente affectation pour ses méthodes... En 3 mois, il a brisé les élèves et moi-même par harcèlement moral et sexuel. Il a rallié le reste des cadres de la compagnie à sa cause car ils avaient carte blanche pour se lâcher... J'ai été dégoûtés quand la hiérarchie a ouvert une enquête de commandement suite aux déclarations des élèves, tous les cadres ont été entendus et ont tous nié. Moi je voulais que ça s'arrête, je ne voulais plus vivre ses attaques au quotidien. Alors quand la hiérarchie m'a promis de me protéger "si j'écrivais", et bien j'ai écrit... L'enquête a finalement avortée puisque curieusement tout le monde s’était rétracté, même les élèves, et je suis alors devenue la femme à abattre... J'ai été mutée dans une autre compagnie, sous les ordres d'un de ses copains et mon calvaire a continué : pression morale, réflexions dégradantes, discrédit... et tout s'est enchaîné. En 2008, mes années écoles arrivaient à leur fin j’étais donc mutée pendant l’été. Entre temps j’accouchais d’une petite fille que je devais élever seule car le papa ne souhaitait prendre ses responsabilités (ce sont des choses qui arrivent) et au même moment j’apprenais que celui qui m’avait tant causé de difficultés et pour lequel la Gendarmerie m’avait demandé d’écrire déposait plainte coutre moi pour dénonciation calomnieuse, rien que ça... Je suis rapidement entendue par l'inspection technique, pour m’apercevoir curieusement que tous les éléments donnés pour prouver ma bonne foi n'ont pas été suivis. Dès l’automne je suis convoquée par le juge d'instruction pour être mise en examen suite à cette plainte. Quand j'ai eu accès au dossier et lu les auditions, j'ai vu que l'enquête gendarmerie avait été menée uniquement à charge, tous les personnels féminins me décrivant comme une "salope allumeuse" qui avait dû être éconduite par ce "don Juan", (la bonne blague) ! Les cadres permanents avec qui je travaillais depuis plusieurs années m'ont laminée. J'étais au 36eme dessous, arrivant dans une nouvelle brigade toute seule avec mon bébé en subissant une procédure lourde moralement et professionnellement. Il me restait alors quelques contacts avec l'école et j'ai appris qu'il avait fait l'objet d'une deuxième enquête de commandement. J'ai demandé que la juge en prenne connaissance, mais bref, après une confrontation dans le bureau de la juge (les 4 heures les plus longues de ma vie), une année de mise en examen, fin 2009 je bénéficie d'un non-lieu. Cette deuxième enquête reconduira mon bourreau à la vie civile. Quand j'ai lu les conclusions de l'officier qui a mené cette deuxième enquête j'ai été rassurée, je n'étais donc pas folle. Il disait du personnage qu'il représentait un danger pour la pédagogie et pour le groupe, car il méprisait tout ce qui n'était pas excellent et parfait, comme à son image ! SIC ; Retour à la vie civile réussi lui permettant de continuer à exercer des fonctions d’encadrement. Pourquoi pas... On me réaffecte alors dans une nouvelle unité mais j’étais marquée au fer rouge. Malgré le départ forcé de mon bourreau j’étais toujours « le vilain petit canard » qui génère les problèmes. En groupement, entourée de chefs proches de dieu j'ai continuée à essuyer les foudres quotidiennes des officiers en place sans aucun soutien de mes camarades sous-officiers, probablement heureux d'avoir ainsi un bouc émissaire tout désigné. Je vous passe les détails et les anecdotes de ce que j'ai vécues, mais c'est à la limite du supportable. En même temps c'est tellement facile de se déchaîner sur une femme seule avec un enfant. En 2012 j'ai eu ma seconde fille, toujours dans un contexte difficile ça a encore été un sujet de mépris à mon égard. J’étais au bout du rouleau et après des années de difficultés je sombre dans la dépression. J'ai réellement craqué l’année suivante : hospitalisation 1 mois en service psy, retour à la caserne, ignorance de tous, placement en congé longue maladie quelques mois après, je suis depuis seule et ignorée de tous... Cette épreuve m'a appris beaucoup sur l'humain et ses bas instincts, de quelle façon l'instinct primaire peut prendre le dessus telle une horde sauvage se délectant de la peine d’autrui. La faculté qu’a le groupe pour s'acharner sur un de ses membres parce que le "chef" l'a désigné comme "mauvais"... Tous les jours j'entendais les rumeurs me concernant, toutes plus abjectes les unes que les autres. Comment se défendre ? Pourtant j'ai ou j’avais... Du caractère ! Mais au fil du temps et de manière insidieuse la machine finit par s’emballer avec comme conclusion la destruction morale qui finit par se transformer en blessures physiques. J'ai été injustement stigmatisée et lâchement jugée par mes pairs, puis condamnée, on m'a tuée moralement et tout ça de la façon la plus naturelle et normale possible. Je n'ai vu personne s’émouvoir de ce qu'on me faisait vivre et je crois que c'est ce qui est le plus difficile... Ce n'est pas parce qu'on leur a donné raison à tous, qu'ils n'ont pas tous eu tort ! Une MDL-CHEF comme une autre, sans importance...
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