C’est par cette expression populaire si ce n’est vulgaire que monsieur Juppé vient de nous faire la démonstration de toute sa considération à l’endroit des militaires. Le militaire, ce sous-citoyen, qui n’a pas le droit de « critiquer » sa condition et poser l’état des lieux précis de son quotidien au service des Français. Ce militaire qui « a le droit de penser, mais pas trop quand même » se voit réduit à la simple gueule d’un animal, d’une bête... Une bête qu’on envoie se faire découper en territoires hostiles pour redorer le blason de quelques gouvernants en mal de glorieuses conquêtes (et de points dans les sondages).
C’est lors d’une intervention devant des étudiants de Science Po que monsieur Juppé s’exprimait au sujet de l’affaire du général Soubelet. Si le général Soubelet n’a pas besoin de nous pour faire valoir ses opinions, nous souhaitons tout de même rappeler à monsieur Juppé que c’est bien dans le cadre d’une commission nationale et démocratique que le général Soubelet s’est exprimé professionnellement sur l’état de la sécurité du territoire. Que c’est parce qu’il avait fait un état des lieux lucide et cohérent qu’il s’était vu évincer de son poste de numéro 3 de la Gendarmerie Nationale.
Chez nous, chez les militaires, quand on nous demande notre avis et que nous le donnons, nous nous faisons lyncher et mettre au placard. Monsieur Juppé est plus habitué aux bilans désastreux et aux choix préjudiciables pour la France sans aucune forme de sanctions puisque même après les échecs électoraux (et judiciaires) il est toujours là pour alimenter notre difficile quotidien de sa bonne parole, à défaut de sa bonne morale. Monsieur Juppé, sachez que chez nous même nos familles doivent passer le filtre de l’enquête de moralité afin de ne pas porter préjudice au drapeau et à la nation. Ne doutez pas que lors des prochaines élections les militaires Français et leurs familles sauront mener avec intelligence cette enquête de moralité à votre égard, aidons les un peu.
Vous êtes élu et au pouvoir depuis le milieu des années 1980. Ce bilan est le vôtre monsieur Juppé :
Depuis 30 ans notre système judiciaire n’a cessé d’amoindrir la condition des victimes, vous avez créé dans notre pays la présomption d’innocence à outrance au préjudice de la présomption de victime. Pendant 30 ans nos petits délinquants multirécidivistes rarement inquiétés sont devenus grands. A ce titre en 2015, ils ont tué 150 hommes et femmes et fait plusieurs centaines de blessés. C’est votre inaction, votre « mollesse » pendant toutes ces années qui ont conduit à l’acte le plus effroyable sur notre territoire depuis la seconde guerre mondiale.
Chaque année et encore plus depuis vos mandats de ministres, sous la présidence Sarkozy ce sont des milliers de militaires de la Gendarmerie, de fonctionnaires de Police mais aussi de militaires de l’armée de terre qui ont été blessés ou tués par laxisme politico-judiciaire.
Vous avez, toujours sous la présidence Sarkozy, supprimé des milliers de postes de militaires de la Gendarmerie, fait raser des dizaines de casernes militaires, toujours au préjudice de la sécurité des Français et aux conséquences encore une fois dramatiques. Sous votre ère gouvernementale le taux de suicides dans nos rangs n’a jamais été aussi élevé. Vous nous avez sacrifié, vous avez tiré nos conditions d’emploi vers le bas, jusqu’à ce que mort s’en suive. Avec vos amis gouvernants, toutes étiquettes confondues, vous êtes à l’origine de la souffrance et de la douleur de nos familles, de nos femmes, de nos fils et de nos filles ayant perdu un être cher sur l’autel de vos choix politiques.
Depuis vos premiers mandats d’élu de la République, ce ne sont pas moins de 400 militaires qui sont morts pour la France, 400 familles détruites. Heureusement que les morts n’ouvrent pas « leur gueule » vous nous auriez encore fait l’honneur d’une sortie blessante et humiliante pour la condition militaire.
Un militaire ça ferme sa gueule... dites-vous ! Nous savons à présent de quel côté vous vous seriez situé quand un militaire, le Général De Gaulle a ouvert la sienne le 18 juin 1940.
Pour conclure, en restant dans votre langage populaire inspirez-vous de cette maxime : « Au moins un militaire ça porte ses couilles, et ça défend les intérêts de sa patrie, au péril de sa vie »