Une journée qui s'achève, un vendredi qui se termine... signe annonciateur d'un week-end ou les uns se reposeront (comme ils le peuvent pour certains) et ou les autres travailleront. Cependant, cette journée a une fois encore un goût amer. Une fois de trop... Aujourd'hui, nous avons une fois de plus hissé le pavillon noir ; pas celui de la colère mais celui du deuil. C'est avec stupeur que j'ai appris le crash d'un hélicoptère de la Gendarmerie Nationale, ce matin, dans les Hautes-Pyrénées. C'est avec effroi que j'ai appris le décès des quatre occupants. C'est avec consternation et retenue qu'il m'a fallu m'exprimer sur ce drame : non par nécessité mais parce que j'ai ressenti le besoin de le faire. Dans ces cas la, je laisse mes doigts et mon esprit s'associer. A travers ce nouveau drame, particulièrement tragique, notre Institution est, une fois encore, endeuillée. Comme si le destin devait encore nous frapper... Mes pensées vont bien évidemment vers Jean-Christophe, Dominique, Lionel et Christophe. Les deux premiers appartenaient au Détachement Aérien de la Gendarmerie de TARBES, les deux autres, au Peloton de Gendarmerie de Haute-Montagne de PIERREFITTE-NESTALAS 65. Je n'ai pas à connaître les circonstances dans lesquelles cet accident est arrivé : cela ne nous les ramènera pas. Ils participaient à un exercice de sauvetage en montagne... cette putain de montagne... si belle et pourtant si meurtrière...
Ces hommes aguerris, au sommet de leur spécialité, ont payé chèrement leur besoin de toujours être plus performant, de toujours être « au top », de toujours être les meilleurs. Pas pour se la péter mais parce que « sauver » est dans leur sang. « Sauver », c'est leur mission. Ils ont poussé l'abnégation jusqu'à son paroxysme, le sacrifice ultime. Est-il besoin de rappeler que ces hommes et ces femmes, constituant notamment les PGHM, sont formés pour secourir en tous temps et en tous lieux ? Est-il besoin de rappeler que, souvent, leurs interventions sont générées par le mépris des règles de sécurité des autres ? J'ai un mélange de tristesse, de colère et de questions. Je suis là, derrière mon clavier à me demander : pourquoi ? Pourquoi emporter ces hommes qui ne voulaient que s'améliorer encore ? Pourquoi emporter ces hommes dont la seule vocation est de sauver ?
Derrière toutes ces questions, qui resteront sans doute sans réponse, je pense aux familles, aux amis, aux collègues qu'ils laissent derrière eux. Je pense à toutes celles et ceux qu'ils ont sauvé. Il n'y aura jamais de mot assez fort pour exprimer une telle douleur. Il n'y aura jamais de mot assez fort pour dire à toutes ces familles ô combien nous sommes tous blessés.. et tellement désolés, que ce soit les civils ou les Militaires. Notre beau drapeau a plus de rouge que de bleu ou de blanc ce soir, hélas. La Grande Faucheuse a encore frappé, emportant avec elle des êtres dont la seule mission était d'être au service des autres. Ils ont côtoyé la mort tous les jours, elle a eu raison d'eux... William SHAKESPEARE disait : « La mort est une dette que chacun ne peut payer qu'une fois ». Personnellement, je trouve que l'addition est encore trop salée... je ne m'y ferai jamais... ® WLR