Tout au long de la première semaine des mouvements policiers, certains sur les réseaux, dans les médias, se sont interrogés sur la position des gendarmes. D’autres réclamaient une grève en bonne et due forme des militaires et allaient jusqu’à préconiser un refus d’obéir en position de service pour les gendarmes mobiles.
Si les remontées du quotidien difficile des policiers sont en tous points similaires à celles dénoncées depuis des années par AG&C, elles sont vécues par nos camarades chaque jour dans les unités avec des matériels défaillants, des amplitudes horaires d’un autre siècle, des logements et locaux de services insalubres. A cela s'ajoute une reconnaissance des pouvoirs publics inexistante, des décisions judiciaires déconnectées de la réalité, injustes à l’endroit des victimes et métastasées par des dogmes idéologiques et politiques faisant oublier que le premier fondement de la justice devrait être l’impartialité. Il ne faut pas obérer l’élément déclencheur de ce mouvement qui reste la tentative d’assassinat sur des policiers dans l’Essonne.
C’est bien cet effroyable événement, pour lequel les gendarmes apportent un soutien sans faille aux collègues policiers, qui a été la goutte émotionnelle qui a fait déborder le vase d’un problème bien plus profond dans la Police. A commencer par le dégoût d’un système syndical corrompu, que certains chez nous rêvent d'imiter... Les mêmes qui voudraient, que nous, les associations professionnelles nationales militaires composées de gendarmes en activités, ne bénéficiant d’aucune subvention (à l’inverse des syndicats), d’aucun aménagement de service (à l’inverse des syndicats), d’aucune plus-value sur l’avancement ou la carrière en général (à l’inverse des syndicats), appelions nos camarades à s’identifier dans la rue pour montrer qu’ils soutiennent bien les policiers. Les mêmes qui voudraient que nous réclamions de nos camarades mobiles en position de service de refuser un ordre et déposer les boucliers.
Vous savez tous, membres et sympathisants, que nous sommes farouchement opposés au système syndical pour les raisons citées ci-dessus et que nous ne prétendons à aucune de ce que nous considérons comme des dérives institutionnelles. Il serait malvenu pour nous, groupe professionnel indépendant, d’appeler à la manifestation pour rejoindre un mouvement policier qui puise toute sa grandeur et sa lucidité dans le refus de se voir coller des étiquettes, et dénonce toute récupération.
Nous avons des centaines, des milliers de policiers qui descendent le soir dans la rue, hors service, sans matériel professionnel, en civil et avec pour seul effet, afin d’être identifiés, un brassard policier et certains voudraient que pour prouver que nous en avons, nous nous identifions comme gendarmes ? Que nous refusions de remplir nos missions, en position de service ?
Si des gendarmes en civil, le soir dans la rue souhaitent s’identifier individuellement nous les soutiendrons sans aucune limite, car ce « combat » pour une vraie sécurité au service de la population, ce combat pour préserver nos vies est juste ! Mais en aucune manière nous n'exposerons nos camarades au couperet professionnel, pour des jeux de communicants.
Ce qui fait la force des rassemblements policiers est qu’ils sont dénaturés de tout désir de récupération, ce sont des collègues qui, individuellement, s’organisent pour faire éclater ensemble des réalités qui font mal ! Que croyez-vous ? Que les gendarmes ne sont pas de la partie ? Faut-il dénoncer publiquement ceux qui participent aux rassemblements ? Car, oui ! Ils participent ! Chaque soir, nous recevons messages, photographies, appels téléphoniques de gendarmes se rendant individuellement aux marches des policiers ! Chaque soir, dans toute la France, les gendarmes sont des centaines à rejoindre les policiers !
Sur le même principe, sans publicité, sans étiquette, sans bannière et sans crainte !