La parole d'un président de la république, fut-elle celle du dernier promu au grand prix de l'humour politique pour 2017, n'a plus de valeur !
C'est le constat que l'institution vient de faire, obligeant son Directeur Général à suspendre la parution des différents tableaux d'avancement. En 2016, lors d'une réunion entre les représentants du conseil de la fonction militaire de la gendarmerie, la direction de cette institution et François Hollande, il avait été rédigé une feuille de route sociale qui mettait en œuvre pour plusieurs années un vaste plan de revalorisation des carrières, des compétences et des métiers de la gendarmerie. Entérinée le 11 avril de la même année, avec la signature d'un protocole entre le ministère de l'intérieur et le Directeur Général de la Gendarmerie Nationale, cette disposition dont les éléments techniques étaient simples, avait été budgétée selon un cadencement convenable, sur une période de cinq années.
L'actuel ministre du budget ne l'a pas entendu de cette oreille. Il a par son silence coupable et malgré les alertes insistantes de la direction de l'Arme, bloqué la parution de l'ensemble des tableaux d'avancement de la gendarmerie nationale, prévue en novembre pour le corps de soutien et le premier décembre pour le cadre général. Cette posture irresponsable plonge dans le désarroi le plus total toute l'institution. Elle conduit l'ensemble des personnels à s'interroger sur l'honnêteté intellectuelle de certains dirigeants politiques. La capacité opérationnelle repose sur un encadrement de qualité, et le pyramidage des grades passe par un juste équilibre entre les corps de commandement et d'exécution. Le blocage des différents tableaux entraîne des dysfonctionnements insurmontables à terme, pour tous les personnels promus et pour le fonctionnement opérationnel des unités.
Au delà du retard que cela va nécessairement susciter en terme de programmation de déménagements, de contraintes familiales et de postes de commandements vacants, la défiance vis à vis de dirigeants qui ne respectent pas un plan de carrière accepté par un gouvernement légitime, risque de se matérialiser par une colère non contenue. Ce manque de considération des valeurs qui fondent notre métier, est le signal d’une perte de confiance définitive envers ceux qui commandent toujours plus de missions sécuritaires.
Après une annulation de plus de cent millions d'euros sur l'actuel budget, les déclarations hasardeuses de la ministre des armées et des propos inacceptables du Président de la République concernant la remise en question du repos physiologique, cette nouvelle insincérité suggère-t-elle que les gendarmes feront les frais d'une nouvelle politique de réduction de la dette publique ? Et que penser du silence assourdissant (pour ne pas dire ‘’habituel’’...) du ministre de l'intérieur qui connaît toute la problématique périlleuse d'une telle décision ?
APNM Gendarmes et citoyens s'inquiète de la manière dont est traitée la gendarmerie par un ministre du budget, manifestement peu enclin à appliquer des décisions prises par l'un de ses prédécesseurs. Est-il inconscient au point d'ignorer les difficultés qu'il vient de provoquer durablement dans le fonctionnement de la Gendarmerie ?
L'arbitrage en urgence du Président de la République, ou tout du moins du premier ministre, semble être pour l’heure l'unique solution pour le déblocage rapide d'un positionnement incompréhensible de la part du ministre du budget.