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Forces de l'ordre : une fatigue à géométrie variable !


89.000, rappelez vous ce nombre.


Depuis le 17 novembre 2018, les blocages, filtrages ou autres cortèges sont organisés par ceux dont le nom est désormais associé à un vêtement de sécurité rétro-réfléchissant. Cette situation, unique par son originalité et sa durée, nécessite toujours une très forte mobilisation des forces de l'ordre en général et notamment des gendarmes départementaux et mobiles. En commettant des exactions contre les bâtiments et les personnes, le mouvement s'est radicalisé partout en France, mais surtout dans la capitale, une fois par semaine. La réponse donnée par le pouvoir politique le 8 décembre 2018 se voulait ferme et sans ambiguïté. Force devait enfin rester à la loi ! A grands renforts de communiqués médiatiques, le gouvernement a annoncé une mobilisation hors normes et le déploiement d'engins blindés. Dès le 6 décembre, les directeurs de la Gendarmerie et de la police nationales ont pris des mesures rarissimes. Le Général Lizurey s'est adressé à l'ensemble des personnels placés sous ses ordres. Tous les repos et quartiers libres ont été suspendus. Et mis à part les permissionnaires, les détachés et les malades, c'est donc 65000 hommes et femmes qui ont contribué à cet effort sans précédent. 35 escadrons sur 108 ont été déployés sur Paris. Les autres l'ont été sur l'ensemble du territoire, principalement dans les villes de province. On peut affirmer que la Gendarmerie a joué le jeu. On pensait qu'en période de crise insurrectionnelle, les dirigeants de la Police Nationale allaient réagir de manière identique.


Mais rappelez-vous ce nombre, 89.000 !


L'effort consenti, qualifié “sans précédent”, par le porte-parole de la Police Nationale fut en fait ... insignifiant. Nul besoin d'être prix Nobel de mathématiques pour résoudre une soustraction aussi simple. 24.000 policiers sur 150.000 que compte cette administration viennent s'agréger aux 65.000 gendarmes. Il faut se rendre à l'évidence, la contribution de la police nationale est franchement ridicule. Quand la gendarmerie mobilise 65% de ses effectifs, la police engage moins de 20% des siens. Au delà des chiffres, on est en droit de s'interroger sur le traitement que l'ensemble des intervenants politiques ou médiatiques font de cette information. Sur tous les plateaux des chaînes infos en continu ou sur les radios, les syndicats de police déplorent la fatigue de leurs collègues. On voit des reportages dans les compagnies républicaines de sécurité. A les entendre, on imagine qu'ils ne se reposent plus depuis plusieurs semaines et qu'ils sont les seuls à battre le pavé et subir des agressions. D'ailleurs, sans vergogne, sur France Info, un syndicaliste martèle même que 89.000 gardiens de la paix et officiers ont été mobilisés le 8 décembre. L'incongru d'une telle affirmation dépasse l'entendement.


Il est temps de pointer du doigt l'incapacité à mobiliser les fonctionnaires de police par le Direction Générale de la Police Nationale. La sécurité des français est assurée pour moitié par deux Institutions. La Gendarmerie a en charge la protection de la moitié des français sur 95% du territoire. Les zones urbaines dépendent de la police nationale, sur les 5 % restant. Cette situation résulte d'un découpage administratif strict qui constitue d'ailleurs un cheval de bataille de hauts fonctionnaires de l'intérieur depuis des décennies. A minima, on pouvait s'attendre à ce qu'elle suspende également les indisponibilités de ses personnels dans une situation aussi grave. Ce ne fut pas le cas. Dans une espèce de flou médiatique qui a laissé penser exactement le contraire, les spécialistes du maintien de l'ordre ont expliqué que, malgré la fatigue, les fonctionnaires de police ont répondu présents. Ils étaient 8000 dans la capitale, mais ils ont volontairement occulté que la moitié était composée de gendarmes mobiles. En province, des policiers, sur ordre, ont fermé les grilles de leur commissariat (1), abandonnant le soin de gérer les manifestations aux gendarmes, dépêchés en urgence pour assurer le maintien de l'ordre sur un territoire dont ils sont exclus habituellement. Des escadrons de gendarmerie mobile ont été déployés à Marseille, Bordeaux, Lyon, en renfort des compagnies républicaines de sécurité. Certains policiers se sont émus de ces conditions d'emploi et ne se sont pas privés d'affirmer que les repos de la sûreté urbaine n'avaient en aucun cas été suspendus, mais reportés sur la base du volontariat. Trois-quart environ des fonctionnaires de police ont donc fait ce choix. Les maires des communes qui ont connu des débordements gravissimes seront ravis de l'apprendre. Il est revenu aux unités de la gendarmerie le soin de pallier avec des personnels provenant d'horizons différents, les absences de leurs camarades policiers.


APNM Gendarmes et Citoyens tout en s'interrogeant sur les directives relayées par le directeur de la police nationale, dénonce une gestion irresponsable des forces de sécurité. Elle ne peut que se féliciter de la loyauté des militaires de la gendarmerie. Sur l'ensemble du territoire, dans des circonstances difficiles, ils n'ont pas reculé. Comme ils le font depuis toujours, ils se consacrent, malgré la fatigue et l'accumulation des missions à faire respecter les valeurs de leur engagement au service des français et de la nation.


(1) information recoupée par des témoignages récurrents.

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