La Gendarmerie est en train de vivre une évolution telle qu’elle n’en a pas connu depuis très longtemps. D’une notion de mérite et d’ascenseur social, elle passe par la mise en place de corps plus sectorisés dont la porosité est beaucoup plus restreinte. Le but étant manifestement de coller à l’organisation de la fonction publique.
Ainsi, pour le corps des sous-officiers, le militaire qui ne voudra pas évoluer aura la possibilité de voir sa carrière progresser à travers l’équivalent indiciaire de 3 grades. Cela lui permettra de terminer sa carrière dans de meilleures conditions financières. De même, le grade de major voit son évolution indiciaire fortement progresser afin de s’aligner sur son homologue de la Police Nationale.
Ces évolutions sont faites au prix de la disparition de l’accès aux indices en fonction de l’ancienneté dans la grille indiciaire qui était un avantage conséquent et permettait aux personnels de compenser un minimum les arrêts dans leur parcours de carrière. Ce ne sera désormais plus possible.
En ce qui concerne le corps des officiers, la Gendarmerie a décidé de clarifier une situation qui, pour certain frisait l’insupportable. A savoir, le fait de se retrouver à grade équivalent avec des personnels issus du corps des sous-officiers, qu’ils soient issus du concours semi-direct (SD) ou officier rang (OGR). Pour cela, il apparaîtra un corps d’officiers de niveau supérieur : le corps des A+. Particularité de celui-ci, hormis quelques exceptions, il ne comprendra que des personnels qui ne seront pas issus de la Gendarmerie. En effet, à l’issue de la réforme, les futurs SD et OGR verront leur parcours de carrière limité et surtout leur rémunération minorée. Ainsi, à grade égal, les fonctions et les rémunérations seront totalement différentes. Mais alors, quid des officiers rang actuellement en fonction et qui ne voient pas d’évolution dans leur grille indiciaire ? Seront-ils les sacrifiés du dispositif ? La gendarmerie a toujours mis en avant la capacité de ses personnels à évoluer et à progresser. Ces valeurs, considérées comme étant un « ascenseur social » sont actuellement totalement remises en question au profit de la valorisation de la stagnation et la mise en avant de diplômes externes à l’Institution.
Cette évolution impose un changement de paradigme au niveau de la concertation. En particulier au niveau national. En effet, malgré des similitudes d’apparence, nous sommes bien sur la mise en place de deux corps d’officiers ayant des perspectives et surtout des intérêts différents. A l’instar de la Police Nationale où chaque corps est représenté séparément. Il paraît évident que le CFMG sera obligé de prendre en compte ces nouveaux éléments dans sa constitution globale afin d’être réellement représentatif.
Mais pouvons-nous vraiment déclarer que le CFMG représente de manière équitable les personnels de la gendarmerie. Si cela semble en théorie indiscutable, dans les faits ce n’est pas forcément aussi apparent. En effet, le principe d’égalité entre les membres donne une image vertueuse de la représentation mais l’effet de masse de certaines catégories provoque un déséquilibre dans les choix décisionnels et pousse le conseil à minorer les attentes de populations, pourtant forte de plusieurs milliers de personnes. Les orientations prises depuis 2016 montrent que la plupart du temps, les bénéficiaires des mesures principales sont les mêmes tout en consentant quelques miettes aux autres composantes.
A défaut d’un équilibrage artificiel, ne vaudrait-il pas mieux que chaque corps se défende lui-même plutôt qu’espérer l’adhésion de la masse. Dans la démarche de correspondance avec les autres administrations il serait logique que les instances de représentations évoluent également vers un modèle similaire à celui de la fonction publique. Ne serait-ce que par la représentation des instances composées des conseillers concertations locaux liés aux différents corps de la gendarmerie.
Dans cette période où la gendarmerie réfléchit à l’évolution de ses instances de représentation, il serait dommage que les premiers concernés, à savoir les personnels militaires de la gendarmerie ne soient pas directement consultés.
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