
La mort est une chose naturelle, l’ultime étape de la vie. Dès le plus jeune âge on se fait à l’idée qu’elle peut survenir à tout moment des conséquences de la maladie, d’un accident. Et puis il y a la mort causée par celui ou celle qui la donne volontairement. Cette mort est la plus injuste, la plus cruelle, la plus indélébile.
Huit ans ont passé et la douleur est toujours là, profonde, insidieuse, dévastatrice. De cette douleur sourde et amère, personne ne sort jamais indemne. Il n’y a qu’à croiser le regard de ceux qui ont vécu la nuit du 17 juin pour s’en convaincre.
Quand leur sourire et leurs cris de joie troublent mon sommeil, je mesure combien leur présence me manque. Elles se prénommaient Audrey et Alicia. Elles avaient juste envie de vivre pour protéger les gens. Elle avait choisi ce métier par passion, par vocation, sans se préoccuper de la couleur des gens. Elles ont été tuées simplement parce qu’elles étaient gendarmes. Quand mes cauchemars se font plus insistants, je les imagine rire d’une mauvaise blague qu’elles m’auraient joué. Je sais que ce n’est pas une mauvaise blague, c’est l’affreuse réalité, celle que l’on n’oublie jamais. Le réveil brutal est toujours et encore le seul remède à ce deuil qui ne veut pas franchir les étapes.
Huit ans ont passé. Les gens parlent encore d’elles et ça adoucit, un peu, un peu seulement la douleur de ceux qui les ont connues, aimées et estimées.
Huit ans ont passé et je n’arrive toujours pas à retenir ces larmes qui brouillent régulièrement mon regard.
Huit ans ont passé…
CNE (H) Jean-François CHARRAT
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