Depuis longtemps déjà, plusieurs années en tous cas, l’Association Gendarmes et Citoyens a fait sien le combat contre le fléau du suicide dans les forces de l’ordre en général et la Gendarmerie en particulier.
Nous avons toujours été conscients que les causes de ces tragédies à répétition étaient multiples et qu’il était insensé de vouloir stigmatiser systématiquement la hiérarchie même s’il arrive qu’elle soit en cause. Nous savons pertinemment que les raisons principales tiennent à la surcharge de travail, à la vie de famille rendue parfois difficile dans le vase clos de la caserne. Ces casernements dont l’état est parfois indigne de serviteurs de l’Etat volontaires et disponibles, avec une promiscuité difficile à supporter pour certains. Devant la nécessité d’apporter une réponse aux camarades en souffrance, nous avions souvent formulé le souhait de voir la généralisation d’expériences consistant à tenir une permanence pour être à l’écoute de ces militaires désespérés, un genre de « numéro vert ».
Nous avions applaudi l’initiative de la création du dispositif stop discri qui pouvait apporter une réponse rapide à ces situations de désespoir en provoquant une intervention pratiquement immédiate partant du plus haut de la chaîne de commandement. Stop discri n'est pas là que pour s'adresser aux personnes "suicidaires" il doit permettre aussi aux gendarmes souffrant de comportements discriminatoires à leur égard de dénoncer ces faits.
Rien ne pouvant être parfait, surtout pas l’homme, il est arrivé quelques dysfonctionnements dans le système avec des orientations d’enquêtes consistant à donner la responsabilité du problème à celui qui en souffrait.
Il est arrivé aussi que quelques gendarmes ou gradés proches, trop proches, du problème estiment que le « plaignant » nuisait à l‘ambiance locale en dénonçant des fautes de comportement. Peu de personnes écoutent, encore moins n’interviennent mais quand l’affaire est mise en évidence, elles estiment que cet éclairage au grand jour est anormal. Il nous semble également nécessaire de rappeler à tous les niveaux que la saisine de stop discri ne devrait pas nuire au militaire qui lui fait appel.
La perfection n’est pas de ce monde, même en Gendarmerie. Il nous semble cependant tout à fait logique de mettre en avant un dispositif destiné à venir au secours de ceux qui souffrent en raison de leur vie professionnelle ou même privée. Nous savons bien que chez nous la vie professionnelle s’imbrique totalement dans la vie privée.
Conscient de l’importance du système stop discri nous n’hésitons pas à conseiller aux militaires qui nous font part de leurs difficultés, de leur mal être, de faire appel à lui. Il nous arrive aussi de saisir directement ses intervenants et jamais nous n’avons eu à nous plaindre de l’accueil qui nous a été réservé ni des suites qui ont été apportées à nos sollicitations. Nous en arrivons à cette extrémité lorsque l'appel aux instances de représentation des personnels de la participation locale s'est révélé infructueux.
Nous n’avons qu’un seul regret : Stop discri n’est pas assez connu au sein de l’institution, il nous semble totalement anormal que des militaires de la gendarmerie nous déclarent encore ignorer l’existence de ce dispositif lorsque nous les invitons à faire appel à lui. Un peu de publicité supplémentaire au sein de l’Arme ne peut nuire et si une seule vie a été sauvée grâce à stop discri l’investissement est déjà rentabilisé.