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Biarritz : un G7 sous haute tension ?


Photo AG&C

Pendant que le numéro 2 du ministère de l'intérieur « tonitrue » sur l'excellent moral des forces de police et de gendarmerie devant les micros de BFM, nombreux sont ceux qui, tantôt inquiets, tantôt agacés, expriment leur mécontentement au sujet du bouclage de « la plage des rois », surnom prémonitoire pour une cité qui reçoit les chefs des états les plus riches de la planète.


Quand les commerçants interrogés déplorent l'absence de touristes pour cause de bunkérisation des rues marchandes, quand les habitants doivent prouver qu'ils vivent bien en ville pour accéder à leur domicile, lorsque toutes les gares, aérogares, sans oublier les dépôts de transports en commun sont interdits dès la veille de la réunion, les gendarmes en renfort mesurent déjà l'impréparation d'un tel événement.


Les groupements de gendarmerie départementale voisins ont été mis à contribution. Il a été fait appel à volontaires pour un détachement à compter du lundi 12 août dernier. Et comme les gendarmes ne se bousculent pas pour un service qu'ils suspectent foireux -euphémisme révélateur-, le commandement a désigné des volontaires dans toutes les unités ! Matériel usagé et véhicules en cours de réforme permettent à ces renforts de se rendre sur place. Mais leur aventure commence à peine. Aucune disposition d'hébergement n'a été prise pour une partie d'entre eux. Arrivés sur place vers 15 heures, il leur a fallu attendre 23 heures pour connaître enfin le lieu où ils pourront dormir durant la semaine. Entassés dans des mobile-homes, certains ont dormi sur des banquettes ou à même le sol. Summum de cette organisation ectoplasmique, on leur a interdit d'utiliser la borne WIFI du camping et de se baigner dans la piscine. Relogés dès le lendemain dans une autre résidence, ils ont enfin découvert la planification de leur emploi sur place. Cerise sur le gâteau, comme le service n'était pas encore fait, la hiérarchie avait planifié des … repos dès le mardi. Des renforts qu'on place en position de repos dès le premier jour ? Désopilant ! Tout le monde a bien-sûr refusé, mais ils ont tenté ! On passera rapidement sur les véhicules tagués alors qu'ils sont stationnés sur des parkings non sécurisés et on retiendra quand même un point positif. Un magnifique écusson a été remis à chaque militaire participant à cet événement.

Photo AG&C

Et du côté de la gendarmerie mobile, ce n'est pas mieux ! Vu de loin, le déploiement des forces engagées apparaît énorme, vu de près, l'organisation se révèle pathétique. Des escadrons sont reconstitués à coups de renfort de plusieurs personnels provenant d'unités différentes. Là où la doctrine d'emploi des unités du maintien de l'ordre prévoit 53 personnels on arrive difficilement à en regrouper 45. On désigne un officier du groupement mobile pour en assurer le commandement. Comment peut-on garantir un semblant de cohésion quand les troupes engagées au sein d'une unité ne se connaissent pas ? Les hébergements trouvés dans l'urgence ne répondent que partiellement aux conditions normales d'accueil de troupes déplacées. Les retours du terrain sont ahurissants. Les véhicules sont stationnés sur des parkings sans éclairage et sans prise pour tenir la charge des Irisbus. Les planifications des veilles ou des gardes sont inexistantes ou réalisées au pied levé.


Cessons là la litanie de ces défaillances dont Prévert aurait pu s'inspirer pour agrémenter sa liste fameuse. On est en droit de s'interroger sur les conditions de sécurité et l'organisation d'un événement international prévu de longue date. Comme sur le choix de la période qui laisse perplexe plus d'un professionnel du maintien de l’ordre public.


Il semble que toutes ces impérities fassent craindre à la hiérarchie des fuites puisque l'association a appris qu’on avait « mis en garde ces personnels sur d'éventuelles publications ».


Le secrétaire d'état auprès du ministre de l'intérieur affirme donc que « le moral des forces de l'ordre est excellent » ? De deux choses l'une, soit il faut qu'il vérifie rapidement l'origine de ses sources, soit et c'est bien plus grave, qu'il cesse d'enfumer la galerie médiatique en tentant de cacher un malaise profond et durable chez les forces de l'ordre.


La Gendarmerie Nationale a fait la preuve de ses compétences professionnelles et de l'abnégation de ses personnels dans l'accomplissement des missions. La réunion du G7 à Biarritz est programmée de longue date. On peut s'étonner que la gestion du mondial de football 1998, le G7 à Evian ou plus près de nous le championnat d'Europe n'ait pas permis d'appréhender de manière efficace le déploiement du dispositif mis en œuvre à Biarritz. À croire que les décideurs repartent d'une page blanche à chaque commande de sécurité sur un événement international.


Comme elle en a l'habitude, l'association Gendarmes et Citoyens, en véritable force de propositions, en appelle au bon sens des instances pour mettre en place rapidement et durablement une cellule interministérielle regroupant tous les professionnels de la sécurité intérieure. On peut imaginer qu'elle serait en capacité de prévoir et de gérer les commandes gouvernementales en matière de maintien de l'ordre sur le long terme.


« Prévoir consiste à projeter dans l'avenir ce qu'on a perçu dans le passé. »

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