Nous avons la chance, grâce aux supports AG&C et à la Liberté d’expression qui anime notre beau pays, de pouvoir parler quasiment de tout… ou presque.
Nous parlons de nos déboires, de nos moments difficiles, de nos anecdotes, de notre vie de famille, de notre quotidien mais nous n’osons que trop peu aborder les choses qui gênent.
Oui, ce dont je vais parler aujourd’hui, il y a encore des endroits où çà gêne…
Personnellement, je suis Militaire de la Gendarmerie Nationale, Citoyen Français et gay (nous noterons le « g » minuscule !!) pour celles et ceux qui ne l’auraient pas encore compris. Après un « coming-out » tardif et un peu particulier, je me suis assumé pleinement en ma qualité d’homo (ne soyez pas offusqués si j’emploie des termes tels que pd, tapette, tafiole ou autre du même genre, ils ne font que partie de mon vocabulaire et, sans doute, aussi du vôtre !). Ayant découvert ce « côté obscur de la force » alors que j’étais au lycée, mon service militaire (oui, çà existait encore à ce moment-là) m’a posé une interrogation majeure : comment vais-je gérer autant de mecs autour de moi ? Comment vais-je réagir en cas de réactions, comment dire, incontrôlables !! Au final, trop d’interrogations inutiles, tout s’est très bien passé et ce fut le moment d’intégrer « La Grande Maison ». Cette institution, haute en couleur (enfin surtout bleue) qui est aussi et surtout, de facto, l’Armée. Ce monde de mecs, de machos, de durs à cuire, de sueur et de tatouages (images poussées à outrance mais pas tant que çà…).
Ayant été muté (en première affectation) à quelques 800 km de chez moi, ma vie a pris un sens différent : j’étais libre. Pas de regard familial, pas de questions trop personnelles, trop précises… et mes collègues du moment ont très vite compris que mon côté à moi, c’était le masculin. Effaçons tout de suite les stéréotypes, je ne porte pas de talons, je n’ai pas de string rose, je ne me maquille pas quand je sors (enfin, « lorsque le service le permet » humour...) et je respecte toutes les formes de l’approche qu’on peut avoir du « milieu ». Ma grande gueule (ben si, faut le reconnaitre) et mon franc-parler m’ont certainement servi à une époque où l’homophobie au sein de l’Armée n’était qu’un très vague sujet de discussion entre deux cocktails : « quoi ? Y’a des pd dans l’Armée !!! » Ben oui… et je serai tenté de reprendre une triste phrase, reprise parfois avec un ton que je déteste : « ils ne peuvent pas se reproduire et, pourtant, il y en a de plus en plus ». Je fais taire également les préjugés : je suis hors milieu et je m’entends très bien avec les femmes ! J’ai cette chance d’avoir eu et d’avoir encore des collègues qui me prennent tels que je suis. Je ne suis pas plus con qu’un autre, je suis très sociable (je vais éviter de dire « très ouvert »…), je passe mes journées à râler mais je suis comme çà.
Au hasard d’une discussion avec une tierce personne que je me garderai bien de nommer (évidemment), j’ai senti que mon bien-être n’était pas le sien. Entendez par là que lui, ne s’assumait pas au sein de sa formation. Que doit-on encore craindre aujourd’hui ? Le regard des autres ? Les fameux « on dit que » ? Une forme d’exclusion professionnelle ou sociale ? Le risque de brimades ou de réprimandes subtilement cachées ? Dès qu’on parle d’homo, j’adore entendre cette phrase magnifique : « ah mais moi, j’ai un (ou une) de mes meilleur(e)s ami(e)s qui est gay et je m’entends super bien avec !! ». Oui, faut le dire, c’est « fashion tendance » d’avoir un(e) gay dans ses relations… çà doit refléter, aux yeux des autres, une certaine ouverture d’esprit. Nous avons dans ce groupe de personnes qu’est AG&C des hommes, des femmes, des hétéros, des bi, des homos, des petits, des grands, des minces, des enveloppés ( ), des blancs, des noirs, des jaunes et nous le vivons très bien, non ? Nous partageons chaque jour nos idées et défendons les valeurs qui sont les nôtres. Récemment, nous parlions de suicide avec des raisons diverses et variées. Je bondissais de lire trop souvent ce fameux « non imputable au service », « problème personnel », j’en passe… L’exclusion, quand on est gay, elle ne se voit pas… elle se ressent et elle appartient à la personne qui la subit. C’est une forme de violence psychologique au même titre que les violences physique au sein d’un couple… à la différence que l’une se voit et l’autre non.
La Gendarmerie Nationale a mis en avant, il y a encore peu de temps, le fait que l’homophobie dans ses rangs était répréhensible et, d’une façon plus générale, au sein des Armées. Rendons nous à l’évidence… aussi étrange que cela puisse paraitre, un homo, çà vit, çà pense, c’est sensible et çà a un cœur… Je sais sourire, je sais comprendre, je sais partager, je sais écouter, je sais pleurer…
Je suis Gendarme, je suis Citoyen et je suis gay. Ma liberté à moi, c’est mon identité je n’embête personne avec.
Signé Win