Mais quelle mouche a-t-elle piqué un commandant de CRS ?
Depuis de nombreuses années, on connaît l'attention que portent à la Gendarmerie les officiers de la Police Nationale. Que ce soit par le truchement de nouvelles tenues ressemblant en tous points à celles des officiers de la gendarmerie, que par la grille des salaires, il est indéniable que les membres du corps de commandement de la police cherchent à s'identifier à celui de la gendarmerie.
Il faut peut-être chercher dans cette volonté qui les obsède au point d'en avoir fait un marronnier, un début de réponse au comportement de certains commandants de compagnies républicaines de sécurité qui arborent, sans vergogne des galons de lieutenant-colonel. Un peu d'histoire concernant la distinction des grades au sein de la gendarmerie et plus généralement dans les armées est nécessaire, à ce stade, pour apprécier le ridicule des revendications d'un corps civil par essence. Les armées ont commencé à réellement s'organiser à partir de la guerre de cent ans. Il a fallu les centraliser et les hiérarchiser. Elles étaient levées par les seigneurs ou mises en place de manière provisoire en fonction de conflits subits. Les « ost » (services provisoires dus par les vassaux à leur suzerain) étaient structurés en une seule force régulière. Une hiérarchie ordonnancée et reconnaissable s'est révélée indispensable au bon fonctionnement d'une institution militaire organisée autour de la royauté. Les grades ont vu le jour sous différentes formes, puis ont définitivement été inscrits dans le marbre des règlements militaires.
La Gendarmerie Nationale, de statut militaire depuis plusieurs siècles, s'est tout naturellement intégrée dans cette reconnaissance des compétences qui rendait lisible les fonctions exercées. Bien qu'ayant été détachée de cette structure en 2009, Elle s'articule de la même façon que ses homologues du ministère des armées. Chacun des grades déclinés répond en général à des strates de responsabilités. Ses statuts et les responsabilités exercées par ses personnels ont évolué au gré des mutations de la société ou de caprices d'hommes politiques en mal de changements.
Les officiers de police ne se contentent pas de revendiquer le droit d'exhiber des galons de lieutenant-colonel et de colonel lorsqu'ils sont nommés à l'indice sommital de leur corps. Certains piaffent, trépignent pour finalement revêtir les cinq galons qu'ils appellent de leurs vœux depuis toujours, en toute impunité. Sincèrement, on se moque de ce combat d'arrière-garde destiné à flatter l'ego de cadres aigris et envieux. La gendarmerie est constituée comme une colonne vertébrale, articulée autour de deux corps distincts. C'est là toute la différence avec la police qui, non seulement est une administration civile, mais se décompose en trois corps hétérogènes.
Cependant, au delà du comique obsessionnel de ce commandant de CRS à exhiber tout de même des galons de colonel, on doit lui rappeler qu’il est chargé de faire respecter les lois et les règlements et qu'il s'expose à des poursuites sur le fondement de l'article 433-15 du code pénal, qui dispose « le port illégal d'uniforme est puni de six mois d'emprisonnement et de 7 500 euros d'amende. »
Les cinq galons panachés ou non, sont réservés aux militaires. Pour pouvoir les porter légalement, il ne reste aux officiers de police jaloux, qu'à démissionner de leur administration et commencer une nouvelle carrière dans la Gendarmerie.